samedi 21 juin 2014

Source d'inspiration : Babylon 5

Babylon 5 est une série télévisée de science-fiction diffusée entre 1993 et 1998 aux Etats-Unis et qui a connu une diffusion en France sur Canal +. Même si j'ai découvert quelques épisode à l'époque, j'ai rattrapé l'intégralité en DVD au milieu des années 2000. La série de Michael J. Straczynski (MJS) a acquis une popularité importante basée sur son ambiance, son scénario et ses personnages très attachants.




Synopsis :
C'était l'aube du troisième âge de l'Humanité, dix ans après la guerre entre les Terriens et les Minbaris. Le Projet Babylon était un rêve qui s'était concrétisé. L'objectif était d'éviter une autre guerre en créant un lieu où Humains et extra-terrestres cohabiteraient dans le respect de leurs différences. C'était une escale, une seconde maison pour tous : diplomates, affairistes, innovateurs, et vagabonds. Des Humains et des extra-terrestres dans une coque de métal de 2'500'000 tonnes, tournoyant seule au cœur des ténèbres. Cet endroit pouvait être dangereux, mais c'était notre ultime espoir de paix. Voici l'Histoire de la dernière station de type Babylon. Nous en sommes en 2258, cette station s'appelle Babylon 5. (Source : Introduction des épisodes de la saison 1)

Construit sur cinq saisons écrites à l'avance - et ça se voit, Babylon 5 est une redoutable machine de guerre scénaristique. Shakespearienne en diable, elle aborde tous les grands thèmes de la science-fiction et du space opera.

La première saison installe les personnages comme on place ses pions sur un gigantesque échiquier. Si les épisodes s'enchainent lentement, ils prennent le temps de bien éclairer le caractère de chacun. Malheureusement, les intrigues sont molles, pas aidées par le manque de talent de certains acteurs. Pourtant, à partir de l'épisode 13 (Signs & portents), la machine est lancée et l'on commence à comprendre, tout doucement, où Straczynski veut nous emmener. A partir de l'épisode 18, l'intrigue ne cessera plus d'avancer comme le rouleau compresseur qu'elle est.

La saison 2 marque un changement crucial dans l'évolution de la série car la chaîne a imposé au créateur de B5 le changement de personnage principal. En effet, l'inexpressif acteur anglais Michael O'Hare (commandant Sinclair), critiqué pour ses performances, est remplacé par Bruce Boxleitner (Capitaine Sheridan), acteur américain dont l'énergie et le charisme deviennent des atouts. MJS réussit alors le tour de force d'intégrer le changement à son scénario en toute logique et à réintroduire le personnage sans ralentir la progression de l'histoire.
Une guerre éclate dans cette saison alors que de nombreux personnages doivent faire face à leur destin, Sheridan le premier. L'esprit d'équipe, les destins individuels, tout est fait pour rendre attachants les héros et anti-héros en dramatisant leur parcours. 

C'est à partir de là qu'on mesure le travail de titan accompli par le scénariste en deux saisons : il est impossible de ne pas comprendre les enjeux derrière certains personnages comme l'ambassadeur Londo Mollari de la République Centauri. Malgré leur coté obscur, on comprend les personnages et on les aime même si le spectateur ne peut pas cautionner leurs actes et leur lent glissement dans l'ombre. C'est sans aucun doute la plus grande force de l'univers crée pour Babylon 5, qui rattrape notamment la conclusion laborieuse de certaines intrigues.

Les saisons 3 et 4 sont consacrées à la Grande Guerre qui frappe alors l'univers. Les destins sont tracés et parfois éclairés avec une classe qui frise le génie (War without end, 16e et 17e épisodes de la saison 3, arc clé qui projette Sheridan dans un futur proche). Puis l'intrigue atteint son paroxysme début de saison 4 avant de lentement s'éteindre. C'est  là que le rouleau compresseur a des ratés : les scénarios deviennent plus rapides, plus prévisibles aussi, du fait que MJS doit boucler les très nombreux arcs narratifs ouverts tout en pensant (à tort) que la série ne serait pas renouvelée une cinquième fois.
Accident qui sera fatal à la saison 5, moyenne si l'on est gentil, qui vaut surtout pour ses 3 premiers et 4 derniers épisodes (sur 22).


Il y a trois qualités essentielles que met en avant le travail scénaristique de Straczynski et qui sont des éléments que j'aimerai utiliser moi aussi :
- La notion d'équipe. L'équipage de Babylon 5, du personnage principal au tertiaire, est attachant. Chacun a ses forces et faiblesses et ils forment un ensemble que l'on prend plaisir à retrouver malgré les épreuves. Le background préalable des personnages est indispensable pour comprendre pourquoi et comment ils agissent.
- La structuration d'arcs narratifs basés eux-même sur des arcs internes. La leçon d'écriture se situe sans doute à ce niveau : en écrivant à l'avance la série, son auteur a tout prévu. Chaque intrigue a son rôle dans le dessin global et permet de faire évoluer les personnages d'une apparente simplicité à la complexité. Les points d'étape et la charpente du mythe chers à Joseph Campbell sont parfaitement assimilés et constituent autant d'obstacles que les héros doivent franchir pour accomplir leurs destins.
- Le sens du tragique, ce sans forcément entrainer la mort de personnages. Ce troisième point découle des deux premiers. Il y a une scène courte mais brillante, lors de la saison 2, qui résume bien cette qualité : Debout derrière la vitre d'un vaisseau en orbite, Londo Mollari voit la mort s'abattre sur un monde. Il constate de ses yeux comment ses actes ont entrainé la destruction et hoche la tête, conscient qu'il est trop tard que la machine à tuer s'arrête. C'est très simple, sans parole, avec une légère musique dramatique, c'est juste parfait en terme de prise de conscience du spectateur de l'inéluctable route qui vient de s'ouvrir devant le personnage.

En bref, malgré ses défauts, on ne le dira jamais assez : Babylon 5, c'est bon, mangez-en !  

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