mardi 15 avril 2014

Lu : la saga de la Grande Porte

J'ai découvert Frederik Pohl dans l'anthologie consacrée à la science-fiction américaine Horizons Lointains et j'ai tout de suite été conquis par le style et l'univers créé par l'auteur. Aussi me suis-je lancé dans sa saga de La Grande Porte, pour laquelle il a obtenu nombre de prix. Clin d’œil triste à l'histoire : le début de cette lecture est intervenu alors que l'on apprenait la mort de l'auteur, le 2 septembre 2013, à l'âge de 93 ans.

La Grande Porte (1977)




     La Grande Porte, c'est un astéroïde construit par la très avancée civilisation des Heechees. Ils ont disparu, les Heechees, mais sur place sont restés des astronefs programmés pour se rendre un peu partout dans l'univers. Venus de leur planète (bien polluée !), des Terriens s'embarquent : selon la destination, ce sera la fortune, la démence, ou la mort. Un risque...

     Broadhead est revenu, lui, et riche. Il vit à New York, sous la Grosse Bulle protectrice, et il séduit les filles en leur racontant Sirius ou Orion. Que souhaiter de plus ?
     Et pourtant, chaque semaine, il court, anxieux, chez Sigfrid von Shrink. Non, ce n'est pas un ami, c'est un ordinateur, psychanalyste de son état...


 La narration choisie par Pohl sur ce premier tome est à double voie : d'un côté l'aventure de la Grande Porte dans laquelle se lance Robin Broadhead, le héros, et de l'autre la psychothérapie que suit ce même homme suite aux traumatismes qu'il a subi sur l'astéroïde et au sntiment de culpabilité qui en découle. Les deux récits se confrontent entre les souvenirs que garde Robin et ce qui se passe effectivement sur la Grande Porte. 
C'est bien entendu Robin qui est au centre du roman : son humanité, ses doutes, ses craintes, ses remordes, ses joies, ses amours sont au cœur  de ce premier livre. C'est un personnage très attachant dont on a envie de découvrir les aventures. Le style de Pohl est très fluide, ce qui rend l'ensemble particulièrement agréable à lire. De plus, l'auteur insère à différentes reprises des documents issus du l'univers du roman (actes administratifs, comptes rendus de missions, colloques scientifiques), ce qui enrichit grandement l'univers que l'on découvre sans l'alourdir - une gageure !.
Et puis c'est un vrai space opera quand on découvre la Grande Porte et l'étrange loterie proposée aux pilotes volontaires : ils montent à bord d'un vaisseau dont ils ne connaissent pas la destination et qui risque de ne jamais revenir ! Entre joie de découvrir ou d'explorer et peine de voir des amis ne pas revenir, ce sont des passages riches en émotion.
Il est seulement dommage que la psychanalyse prenne le pas sur le space opera dans sa dernière partie,  ce qui nuit à la conclusion qui aurait pu avoir une grande ampleur dramatique.



Les Pilotes de la Grande Porte (1983)





     La Grande Porte ! Un astéroïde déserté où des pionniers de l'espace — Robin Broadhead à leur tête — ont un jour découvert des astronefs mystérieux et se sont lancés dans l'infini de l'univers... vers la mort ou la fortune.
     Et Robin Broadhead est revenu, immensément riche, prêt à d'autres défis. Pour que survive la Terre dont les ressources s'épuisent, il finance une mission capitale : ses hommes iront remettre en service l'immense Usine alimentaire qui se dresse sur la Grande Porte.
     Mais que se passe-t-il ? Que disent les premiers messages ? L'astéroïde est de nouveau habité, des créatures sans nom rôdent, insaisissables et menaçantes...


Deuxième épisode qui garde la même structure que le précédent, même si on change le contenu : d'un côté nous suivons une mission d'un équipage vers un objectif Heechee, de l'autre Robin tente de vivre heureux en faisant fructifier ses découvertes. D'autres points de vue viennent s'intercaler également pour apporter une vraie richesse et du dynamisme au récit, plus efficace que le premier opus.
Cette aventure a l'intérêt de faire avancer notre découverte de l'univers et des Heechees sans dénaturer l'aspect humain des personnages. J'ai vraiment apprécié, à nouveau, le personnage de Robin et son interaction avec les autres, notamment sa femme Essie et son IA, Albert E. Le trio est à mon sens le grand atout du roman. La partie exploration, plaisante, m'a moins marquée après coup.
Une belle réussite, qui prolonge différemment le plaisir ressenti à la lecture du premier opus.

Rendez-vous à la Grande Porte (1986)



       Robin Broadhead est anxieux, tourmenté... Et pourtant n'est-il pas riche, estimé, aimé des femmes ? Et surtout ne fut-il pas le héros de l'expédition galactique de la Grande Porte ?
     Là, sur cet astéroïde abandonné depuis des siècles par les Heechees, extraterrestres prodigieusement évolués, il s'est emparé d'un astronef capable d'explorer l'univers entier. L'appareil, devenu le S.Ya. Broadhead, est à l'origine de sa fortune et des bienfaits que Broadhead a apportés aux hommes.

     Alors, oui, pourquoi cette angoisse ? Broadhead ne peut croire que les Heechees aient à jamais disparu. N'est-ce pas eux qui, pour se venger, fomentent le terrorisme qui flambe aux quatre coins de la Terre ?

     Broadhead devra-t-il retourner à la Grande Porte pour découvrir la Vérité ?

Troisième épisode et procédé sensiblement différent : cette fois Robin raconte l'histoire qui progresse et se glisse dans différents points de vue, y compris le sien. Frédérik Pohl utilise une technique qui ne m'a pas plu : Robin raconte les évènements en faisant ostensiblement comprendre qu'il connait tous les tenants, tous les aboutissants et surtout la Fin. Ce procédé, lassant, vient s'ajouter à la frustration de voir le livre s'arrêter quand il devrait débuter.
Du coup, le personnage de Robin perd aussi de son intérêt alors que la menace à peine effleurée dans ce roman (qui devrait se préciser dans le suivant) me semble bien mal amenée.
Même les interventions en encarts, qui sont l’œuvre de Albert E., l'IA de Robin, deviennent agaçantes car inutilement techniques.
Un opus à oublier.

Il reste encore deux opus de cette saga, Les annales des Heechees et A travers la grande porte mais je vais suspendre ma lecture pour le moment, le dernier opus lu ayant refroidi mes ardeurs.

Cependant, il y a beaucoup de qualités dans les opus de La Grande Porte, comme cette façon amusante d'intégrer des supports autres dans le texte ou la capacité à rendre attachant les personnages principaux. Je garde ça précieusement en tête.


 (Source des images et résumés : Noosfere )

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